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Publié le par Papido

L'ostréiculture en danger cherche des solutions

[ 01/12/09  ] Les Echos.fr

Introduite en France au début des années 1970 pour remplacer sa cousine portugaise, l'huître creuse dite japonaise subit depuis deux ans de fortes mortalités. La profession redoute une nouvelle épizootie.

La mortalité est nettement supérieure dans les écloseries.

La mortalité est nettement supérieure dans les écloseries.

Comme en 2008, des mortalités massives de naissains et jeunes huîtres ont touché au printemps 2009 l'ensemble des bassins ostréicoles français. En quelques semaines, un phénomène d'une grande ampleur et d'une impressionnante virulence a détruit 60 % à 100 % des lots de jeunes Crassostrea gigas, l'huître creuse qui peuple plus de 90 % des parcs français.

Après deux épisodes mortifères, la profession, à genoux économiquement, sait déjà qu'elle ne pourra proposer en 2010 et 2011 qu'un volume restreint d'huîtres sur le marché. Trois ans sont en effet nécessaires pour produire une huître de taille commercialisable. Les perspectives d'avenir ne sont pas rassurantes pour les ostréiculteurs qui peinent déjà à surmonter leurs problèmes de trésorerie afin de regarnir leurs parcs. La profession se montre d'autant plus désemparée que les explications des mortalités sont complexes et que l'origine du phénomène n'est pas encore élucidée par les chercheurs.

Hypothèse multifactorielle

 « Nous avons beaucoup de suspects mais peu de coupables », résume ainsi Jean Prou, chef de la station Ifremer de La Tremblade. L'hypothèse multifactorielle, déjà étudiée lors du programme Morest sur les mortalités estivales de 2001 à 2006, reste l'explication privilégiée des spécialistes. De juin à septembre, l'huître, coquillage hermaphrodite cyclique, est en plein effort de reproduction et relâche dans le milieu des milliards de larves qui se fixeront sur les collecteurs. L'élévation de la température de l'eau, combinée à d'autres facteurs de risque (pluviométrie abondante, bloom phytoplanctonique…), participe alors au stress du bivalve qui succombe ensuite à un virus opportuniste tel que le OsHV-1. « Nous en savons beaucoup plus notamment sur la transmission horizontale du virus de l'huître contaminée vers l'huître saine , précise Jean Prou. La courantologie et les transferts de cheptels expliquent aussi la rapidité à laquelle le virus se propage. » La science avance donc, même si elle ne peut apporter de remède à l'heure actuelle.

Des remises en cause

Mais le temps de la recherche n'est pas celui de la production et la profession s'inquiète, voire s'impatiente. Cette crise provoque chez les ostréiculteurs quelques remises en cause, notamment au niveau des pratiques culturales, et une réflexion sur l'évolution du métier durant ces dernières années. Certains dénoncent des densités trop élevées par poches, la pollution de leur environnement, le rôle des écloseries et l'utilisation abusive de la triploïde (l'huître stérile, donc grossissant plus vite car ne s'épuisant pas à se reproduire, obtenue en laboratoire). L'urgence de la situation oblige les acteurs de la filière à trouver des solutions pour sauver le métier. En mai 2009, quatre écloseurs privés se sont ainsi regroupés au sein de la SFC (Sélection française conchylicole) dans le but de créer une huître résistante grâce à un programme de sélection. Un autre écloseur indépendant tente depuis de rentrer dans la course. Mais les résultats ne pourront être exploités avant trois ou quatre ans. Par ailleurs, le Comité national de la conchyliculture (CNC) envisage d'autres pistes comme le recours à une souche extérieure venant du Japon ou d'Australie. L'histoire de l'huître française pourrait ainsi se répéter.

JEAN-MARIE LEGAUD

 

Publié dans Terre - Ecologie

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